LA PLACE WAROCQUE
Le principal bâtiment bordant cet espace, devenu plutôt noeud routier, est sans conteste, l'Institut Commercial Warocqué. Il a, bien sûr, une histoire : c'est le 16 mars 1899 que, sur la proposition de M. Henri Dutrieux, ingénieur en chef, directeur de service aux chemins de fer de l'État, une réunion d'industriels décida la création à Mons de l'Institut Commercial des Industriels du Hainaut. Monsieur Raoul Warocqué. Le grand industriel philanthrope de Mariemont, satisfit largement tous les premiers besoins de la nouvelle école, qui fut installée provisoirement dans un somptueux hôtel privé1, tandis que presque immédiatement on dressait les plans de cette vaste construction conçue selon les exigences des perfectionnements les plus modernes de l'époque.
En effet, déjà remarquable par la diversité des matériaux utilisés pour sa réalisation et sa décoration (pierre, stucs, vitraux, mosaïques), ce bâtiment de style Art-déco a été, à l'époque, à l'avant-garde des techniques de construction par l'emploi de pieux pour stabiliser l'édifice, de structures en béton, matériau encore inexistant à Mons à cette échelle, et enfin par le recours à une charpente en acier. Construit tout au début du XXe siècle, il est l'oeuvre des ingénieurs architectes Henri Dutrieux et François Burton.
L'Institut Commercial des Industriels du Hainaut se voulait surtout une école pratique de commerce appliquée à l'expansion de l'industrie. Elle avait - et a toujours - pour but de former des agents commerciaux aptes à représenter l'industrie belge dans le pays et à l'étranger. Sa renommée fut rapidement gagnée. Le 07 août 1903, eut lieu la sortie de la première promotion des ingénieurs commerciaux. Ils furent au nombre de vingt-six et, dans un délai de quelques semaines, tous se trouvèrent employés par diverses firmes belges ou étrangères, dans des conditions qui montrèrent avec évidence à quel besoin réel répondait cet Institut. Par exemple, en juillet et août 1904, le Gouvernement Chinois d'une part, et la Société d'études des Chemins de fer en Chine d'autre part, lui confièrent vingt jeunes étudiants chinois qui avaient fait en Chine des études moyennes et se disposaient à faire en Europe des études supérieures de mines, ponts et chaussées et chemins de fer.
Au cours de la première guerre mondiale, Raoul Warocqué s'étant rendu compte de l'impossibilité pour un groupe d'industriels privés de continuer à assumer la responsabilité de l'institution, il légua par testament l'immeuble à la Province du Hainaut ainsi qu'une somme d'un million de francs, afin que l'affectation initiale de l'Institution et du bâtiment soit perpétuée.