CONTEXTE DE 1899
Les élections du 10 juin 1884 furent un désastre pour les libéraux. Ils furent écrasés et écartés du gouvernement pendant 30 ans.
Un cabinet homogène sous la direction du catholique Jules Malou fut constitué. Le gouvernement commença par anéantir l'œuvre scolaire des libéraux. La troisième loi organique de l'enseignement primaire, dite loi Jacobs du 30 août 1884, dépouilla l'Etat de son monopole scolaire.
- Les communes furent autorisées à remplacer l'école neutre par une école libre (appelée « école adoptée »). La demande de 20 pères de famille suffisait pour opérer ce changement.
- La loi admettait que l'enseignement pourrait être donné sans diplôme
- L'enseignement religieux figurait au programme, mais pas au nombre des matières obligatoires
- L'enseignement normal devenait libre
Cette loi eut pour conséquence la suppression de nombreuses écoles publiques et la création d'écoles catholiques avec personnel laïque ou congréganiste. Il y eut désormais un enseignement normal hétérogène : de l'Etat, provincial, communal, épiscopal, congréganiste.
Mais les catholiques voulaient détruire les derniers vestiges du régime scolaire de 1879.
En 1895, François Schollaert, ministre de l'Intérieur et de l'Instruction Publique, fit voter une quatrième loi organique de l'enseignement primaire, d'un caractère ouvertement confessionnel :
- Toute école libre obéissant à certaines modestes conditions légales, devenait adoptable et recevait des subsides gouvernementaux au même titre que les écoles officielles et adoptées
- L'enseignement de la religion devenait obligatoire ; le père de famille qui désirait en dispenser ses enfants devait remplir un formulaire spécial
- Bien qu'il y eut à ce moment encore 32% d'illettrés en Belgique, la nouvelle loi n'envisageait pas de rendre l'enseignement obligatoire.
La loi du 15 septembre 1895 contribua à aigrir les rapports entre le gouvernement, les petites villes et les campagnes, d'une part, les centres industriels et les grandes villes démocratiques de l'autre. Ces dernières jouissaient d'une puissante autonomie et n'étaient nullement disposées à capituler devant l'Etat.

C'est dans ces conditions politiques compliquées que le 16 mars 1899, sur la proposition de M. Henri Dutrieux, ingénieur en chef, directeur de service aux chemins de fer de l'Etat, une réunion d'industriels décida la création à Mons de l'Institut Commercial des Industriels du Hainaut.
A nouveau chef du gouvernement entre 1908 et 1911, Schollaert se risqua à mettre en avant un nouveau projet de loi scolaire dans le but de placer sur le pied de la plus parfaite égalité les écoles libres et les écoles officielles. En 1911, 45 % de la population scolaire fréquentait les écoles libres. Le gouvernement invoqua ce fait pour vouloir contraindre les provinces et les communes à donner aux écoles congréganistes et aux écoles publiques des subsides proportionnés au nombre de leurs élèves par le régime du « bon scolaire ».
Aussitôt les Gauches formèrent un bloc de résistance et de tempétueux meetings furent organisés dans les grandes villes.
C'était la première fois que le roi Albert 1er se trouvait devant une situation tendue. Prudent, il se garda d'encourager le Premier dans son entreprise aventureuse. Schollaert démissionna en juin et eut pour successeur Charles de Broqueville qui laissa tomber le projet du bon scolaire.