J'ai bien besoin d'une
bonne bière pour reparler de ma jeunesse : Une LABOR probablement comme celle
qu'on buvait sur la place de Mons en 1954 (et oui presque 40 ans !) Les buveurs
de Labor, à l'époque, c'était les externes car à l'école, on servait aux
occasions une infâme 1.5° qui venait de Liège !
Il faut bien avouer que les externes n'étaient pas toujours bien vu s'ils n'habitaient
pas chez leurs parents. Les « Kotteurs » n'avaient pas bonne presse à
cette époque-là.
J'avais fait mes
scientifiques à Saint Ferdinand et mes résultats en maths n'étant pas « exceptionnels »,
mes parents ont décidé que j'irais à l'IRAM plutôt qu'à l'école des Mines. A ma
première visite fin juillet 1954, je fus déçu par l'ambiance austère des bâtiments.
J'y ai pourtant passé presque toute ma carrière. Nous fûmes reçus par un frère
qui vanta les mérites de l'internat mais la sœur de ma maman louait des
chambres en ville et mes parents décidèrent, heureusement pour moi, que j'établirai
mon domicile chez elle durant mes études.
Une fois en première (les études durant trois ans à l'époque), je fus invité à
une cérémonie d'accueil au sein de l'IRAM. On ne peut pas évoquer de baptême à
proprement parler, sûrement pas ce que vous faites aujourd'hui. Les nouveaux
étaient chahutés gentiment et tout cela se passait aux yeux de tous et surtout sous
l'œil des Frères en charge de l'internat. Puisque c'était votre question initiale, il y
avait bien des calots sur certaines têtes. Ces « calots » étaient
portés par ceux qui avaient faits leurs études moyennes à Saint Luc et qui
faisait partie du patronage de l'école. Ils portaient également une chemise
verte un peu militaire comme les scouts. Bien que n'ayant jamais été scouts, cette cérémonie se rapprochait sans doute aux « totems ».
Pour ma part, je n'ai pas participé à cette cérémonie car deux étudiants qui
louaient chez ma tante venait de l'école des mines (L'un deux était secrétaire
de la « fédérale ») et je fus autorisé à participer à leurs baptêmes.
Je ne me souviens plus guère des diverses activités qui ont précédés le jour où
je fus baptisé, mais les concours d'afonds étaient monnaie courante et je dus
longuement polir les rails du tram notamment à l'entrée de la grand-place et devant
la gare.
Pour le Baptême, rendez-vous
était donné sur la grand place et nous descendîmes en cortège jusqu'au bâtiment
de la rue de Houdeng ou furent prononcés des discours humoristiques devant les statues des fondateurs de la faculté.. Je fus impressionné par les nombreuses délégations qui
venaient de loin. Le plus impressionnante, après l'école commerciale, étant celle des facultés agronomiques
de Gembloux. Il y avait quelques calottés. Ils portaient d'élégantes toge noire au revers coloré (de
mauve ???). J'appris ensuite qu'il s'agissait de l'Ecole Centrale des Arts
et Métiers de Bruxelles. Des joutes d'afonds opposaient au coin de la rue du
Hautbois les différentes écoles et chacun s'en trouvait satisfait ! Nous
devions nous déguiser pour l'occasion et le président de la fédérale nous
imposa (ceux de l'IRAM) d'avoir le visage masqué car des frères de Saint Jean
de la Salle circulaient aux alentours du cortège, en dépit des chansons innocemment
choisies à leur attention, afin de vérifier que des élèves de l'IRAM ne
participaient pas à ces « orgies ».
Nous sommes ensuite repartis vers La place Nervienne ou les serments prononcés
à l'époque m'interdisent de vous en dire plus encore aujourd'hui.
Nous étions 6 de l'IRAM
à faire notre baptême cette année-là à l'école des mines et lorsque nous reçûmes notre casquette,
un ruban bordeaux y étaient ajoutés pour la différencier de la casquette de l'école
des mines qui elle, était uniformément bleue. Nous ne portions pas non plus le symbole de l'école
des mines mais on brodait notre nom et le nom de l'école à l'arrière. Chaque année réussie nous valait une étoile.
J'ai participé trois
années de suite aux diverses activités organisées par la fédération des
étudiants de l'école des mines car toute activité organisée par l'IRAM et
non cautionnée par les frères de Saint Jean de la salle était interdite. Le
port de la casquette était évidemment interdit dans l'enceinte de l'école et il
me revient une anecdote qui doit dater de septembre 1956. Un étudiant qui avait
échoué sa première année à l'école des mines fut inscrit par ses parents, à son
grand dam, à l'IRAM. Le jour de la rentrée, il pavana avec sa casquette des
mines et, repéré par le Frère Sandron, fut mis le jour même à la porte sans
autre forme de procès.
Avouons que, outre le caractère non confessionnel de l'école des mines, c'était
surtout son « jumelage » de fait avec la faculté Warocqué, dite "l'institut commercial" (Ne pas confondre avec "l'Ecole Consulaire" qui était catholique) qui
dérangeait les frères des écoles chrétiennes. J'ai eu un jour le malheur d'être
surpris à lire le « Mons Estudiantin » (Journal édité à l'époque conjointement
par les Mines et l'institut commercial) et je reçu un long sermon sur les
informations subversives que l'on trouvait dans ce, parait-il, journal de
Franc-Maçon. Je n'ai pas demandé à mon interlocuteur si il l'avait lu pour en
savoir autant, j'aurais reçu 4 heures de retenue comme cela se faisait encore à
l'époque.
A la fin de mes études
en Juin 1957, je parti au service militaire à la force aérienne puis je m'engageais
comme cadre de complément avec un titre d'ingénieur en hydraulique et pneumatique.
Je suis resté trois
bonnes année au milieu de mes avions dans ce monde qui me passionnait plus que
tout sans vraiment avoir de contacts avec mes anciens amis des mines. A l'occasion d'un
retour à Mons, en septembre 1960, je retournais au cortège de baptême de l'école
des mines et j'y rencontrais quelques étudiants portant une penne entièrement
bordeaux.
Un comité des
étudiants avait été créé deux années avant à l'IRAM, au grand dam de l'institution.
Et puisque c'est le sujet du moment, Il
y avait aussi deux membres du comité qui portait un Calot mais c'était deux étudiants
baptisés précédemment à l'Ecole Centrale des Arts et Métiers de Bruxelles.
Devenu enseignant à
Saint Luc, je pense qu'il a fallu que j'attende le début des années 80 pour
voir des étudiants traverser la cour avec leur penne sans risquer les foudres de
la direction ... Pour ma part, la mienne a disparu entre deux déménagement et j'ai
beaucoup de regret, car elle serait toujours bien sur ma tête pour venir boire
un verre à votre sympathique bar du 5ème.
Le mot de la fin ? Si il en faut un, je le laisse à mon collègue Guy
Parisis, qui fait une brillante carrière comme Professeur de Physique : «
Mes étudiants sont charmants, un peu bruyants, mais charmants ... Et puis, on allait pas mettre une calotte sur un cheval
de bois de l'ISICHt, il nous donnerait des ruades ».
G. Hannot, ELME1957
Enseignant au C.E.S. Saint Luc
Pour le « Béati
Pauperes Spiritu » Saint Nicolas 1991
La penne du Camarde Guy a malheureusement disparu . Dommage de ne savoir comment était placé le "ruban Bordeaux". Concernant les pennes bordeaux, nous avons les photos d'une ancienne, celle de "André Demanez", Diplomé EME en 1960 et papa du Camarde JOS, brasseur à saint Ode et dignitaire de plusieurs corporations montoises.